Les 7 péchés capitaux du Bitcoin - (6) Les vautours de la spéculation
Nous aborderons dans cette suite d’articles les grands points structurants et méconnus du bitcoin.
Alors, êtes-vous pour ou contre le bitcoin ?
Pour pouvoir se prononcer au-delà des débats idéologiques qu’ils soient à tendance crypto-anarchistes ou régulateurs zélés, et ayant été moi-même longtemps hésitant sur la posture à avoir, j’ai entrepris de creuser un certain nombre de caractéristiques sur le bitcoin qu’il faut absolument connaître pour pouvoir se prononcer objectivement.
Je partage donc avec vous ces quelques idées :
Sommaire des 7 articles
- Une gouvernance bien trop humaine
- Une répartition à faire pâlir Gini
- Une machine à blanchir les capitaux
- Une usine à CO2
- To scale or not to scale ?
- Les vautours de la spéculation
- Un risque légal systémique
Zoom sur le péché n°6 - Le bitcoin a-t-il été pollué dès ses débuts par la fièvre spéculative ?
Entre le moment où j’ai découvert le bitcoin en 2013 dans un article intitulé “Bitcoin : derrière la bulle, de vrais débats (Pierre Noizat)” sur une newsletter universitaire qui n’existe plus aujourd’hui et le moment où j’ai souscrit pendant l’été 2014 à un service d’alerte de prix quotidien (sur BitcoinPrice.com), j’étais malheureusement déjà contaminé.
J’étais aveuglé par les enjeux financiers, incrédule qu’il puisse exister un marché où acheter et vendre un “btc” pour plusieurs centaines de dollars et curieux de savoir comment se comportera cet actif qui n’a aucune utilité concrète mais qui suscite déjà une attention certaine comme dans cette vidéo youtube du Monde que je partageais à l’époque avec des amis pour m’aider à éclaircir ce mystère.
Pour résumer, j’étais déjà touché par un début de fièvre spéculative dès 2015, persuadé d’avoir raté le train d’une prospérité facile qui aurait été capturée par des early adopters qui se permettaient en 2010 d’acheter fantasquement 2 pizzas pour 10000 bitcoins.
À mon sens, le bitcoin est entré très tôt dans une lutte pour sa survie qui a nécessité que tous ses acteurs, promoteurs et fans mettent en avant sa volatilité positive. Et ce afin de :
1- Objectif n°1 : Préserver la valeur de leurs actifs investis qu’ils aient été minés ou achetés, et ce en alimentant le cours du bitcoin par les nouveaux entrants. Dès juillet 2011, une section Spéculation est créée sur bitcointalk.org et les apologies au bull market commencent :
Rally !!!! August 03, 2011, 04:51:10 PM 10.93 ~!!!!!! BUY BUY BUY!!!
C’est aujourd’hui une des plus grandes réussites du bitcoin et des cryptomonnaies en général puisque la fièvre du gain a visiblement plus de résonance populaire que le leitmotiv de se protéger contre l’inflation. Le bitcoin s’est démocratisé vu que plus de 8% des américains possèdent du bitcoin et plus de 2% des marocains possèdent de la cryptomonnaie
2- Objectif n°2 : Renforcer le réseau en recrutant plus de miners pour protéger celui-ci des attaques 51% en rendant le minage de bitcoin le plus attractif et rentable possible, rentabilité qui dépend fortement du prix du bitcoin et des economics du minage (location, énergie, hardware, maintenance etc.). Plus la valeur d’un bitcoin est élevée à la revente et plus il est rentable de miner. Un prix élevé encourage les nouveaux miners à rentrer dans la danse jusqu’à ce que la difficulté du minage (le nombre de hash par seconde) s’ajuste en augmentant. Il devient ainsi plus difficile de miner des bitcoins et le surplus de rentabilité initiale est absorbé par un ajustement du protocole.
3- Objectif n°3 : Agrandir l’écosystème économique du bitcoin en poussant le maximum d’acteurs économiques à l’accepter comme moyen de paiement dans la perspective d’un nouveau monde par exemple bâti autour du commerce digital décentralisé.
À ce sujet, il est intéressant de noter que la problématique de grandir trop vite a aussi été l’objet de vives discussions. L’arrivée de Wikileaks, le newcomer emblématique du bitcoin entre fin 2010 et juin 2011, date à laquelle l’organisation a annoncé accepter les donations en bitcoin après des blocages financiers américains avec les moyens de paiement traditionnels (visa, mastercard, paypal etc.) a été un vrai stress test pour la communauté. Et ce malgré les appels de Satoshi à ne pas donner un coup de pied dans la fourmillière et à ne pas risquer de tuer dans l’oeuf un projet aussi jeune et fragile que le bitcoin (décembre 2010).
Pourtant le bitcoin avait été créé précisément pour éviter ce type de censure gouvernementale : le point de vue de Satoshi a donc été fortement débattu sur bitcointalk.org. Ce sujet de dissension est considéré comme une des raisons du mystérieux départ de Satoshi du projet Bitcoin quelques jours plus tard.
La vision ou l’argent ?
Alors que la vision sociétale d’inspiration libertaire est donnée par un texte inscrit par Satoshi dans le premier bloc du bitcoin, le fameux genesis bloc miné en janvier 2009,
The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second bailout for banks.
– les utilisateurs du bitcoin comprennent très vite qu’au-delà de l’enjeu de disrupter les banques centrales et de redonner le pouvoir monétaire aux masses, investir dans le bitcoin peut rapporter beaucoup très rapidement étant donné les niveaux de volatilité très importants (de l’ordre de 10 fois supérieurs du marché des changes). Le graphe suivant en atteste :
Pas plus d’une année après la sortie du bitcoin de son premier cercle d’initié, ce que je positionnerai en 2012 soit deux ans après l’ouverture du forum bitcointalk.org, des plateformes d’échange se structurent autour du besoin de faire du trading de bitcoin. A leur tête, la malheureusement très célèbre MtGox qui au terme de péripéties hollywoodiennes se fera voler plusieurs centaines de milliers de bitcoins gérés en custodial wallet pour ses utilisateurs.
L’évolution du prix d’échange du bitcoin sur MtGox (passant de $5 à près de $1000 en 2 ans) explique l’emballement spéculatif chez ce deuxième cercle d’initiés (24.000 clients pour MtGox)
Avec le recul, il est toujours aussi fascinant de voir des posts aussi visionnaires (modulo le biais du survivant). Le message suivant en particulier a reçu plus de 4630 réponses de 2011 à 2018 et a probablement contribué à maintenir la fièvre.
Plusieurs périodes de volatilité folle sont palpables dans l’histoire du cours du bitcoin. Par exemple, fin 2013 lorsque celui-ci dépasse les $1.000 et enchaîne avec une rapide déflagration sur les mois suivants où il va chercher un support à $250. Ce premier exemple d’apothéose sera la preuve que le bitcoin porte en lui quelque chose de spécial : il serait possible de s’enrichir vite, très vite, à condition de bien “timer” le marché pour profiter de la bulle spéculative qui se construisait.
On retrouve un pattern similaire de bull market puis de correction brutale en 2018 et en 2021/2022 (le covid, les taux directeurs des grandes banques centrales et les injections monétaires ayant probablement accéléré le deuxième pic)
Pour le pic de 2018, on part d’une base de $250 en 2016 pour un all time high de $20.000 pour un support final de $3.500 les trois premiers mois de 2019 :
Pour le pic 2021/2022, on part d’une base de $3.500 fin 2019 pour un all time high des fameux $65.000 jusqu’au crash de mi-juin 2022 qui est toujours en cours à $22.000 (mi-juin) :
Quelle grille de lecture pour analyser le macro-pattern de ces 10 dernières années ?
- A chaque période de début de bull market, des milliers de petits épargnants tentent de surfer la vague - souvent en utilisant du levier sur les plateformes de trading -, portés par la fièvre des bull runs précédents, par les mantras quasi religieux des influenceurs sur les réseaux sociaux et par une volonté de récupérer les miettes des early adopters : une richesse inouie en un temps très court
Une des illustrations les plus iconiques du culte bitcoin est le fameux laser eye : un tatouage/meme représentant l’illumination personnelle et symbolisant peut-être l’énergie de la communauté bitcoin, la vision acérée de ceux qui ont “vu” avant les autres ou encore le fait de griller les autres cryptomonnaies (ici le président du Salvador).
Quoiqu’on dise sur les vertus technologiques du bitcoin (la blockchain du bitcoin), le BTC (le bitcoin cryptomonnaie) semble avoir surtout été ces dernières années un implacable schéma destiné à vider les poches des petits porteurs pour alimenter une course énergétique folle et une avidité sans nom au nom d’un eldorado lointain.
Le protocole bitcoin en tant que système incroyablement bien pensé, quasi parfaitement ouvert et démocratique n’est pas à mon sens responsable de ce qu’en font les différents acteurs qui tournent autour. Il est aujourd’hui mû par des pulsions financières, religieuses, technologiques et utopistes complexes qui s’opposent, se croisent et se complètent.
En tant qu’acteur, rentrer dans un tel système sans :
- la robustesse financière pour résister les appels de marge des leviers et injecter le capital au bon moment
- l’énergie et la force spirituelle de faire partie d’une communauté éclairée qui a compris avant les autres
- les compétences techniques pour comprendre le système à l’échelle macro et micro
- la vision prospective pour croire qu’il y a un changement de paradigme monétaire à venir
– c’est risquer des déconvenues, des déceptions et au pire la faillite personnelle.
D’une part, une des facettes de la situation est que le bitcoin et plus généralement les cryptomonnaies majeures baignent dans des marchés mondiaux très liquides avec de très gros acteurs dont la moindre action significative peut générer des mouvements de panique. Ce sont des marchés très volatiles qui ne sont pas faits pour les petits porteurs sans expérience, formation ni outils pour se couvrir ou assez de sang-froid pour ne pas réagir à chaud.
D’autre part, le bitcoin et les cryptomonnaies en général sont constitués d’écosystèmes complexes de plateformes (de trading, de custodial wallet), de DeFi (decentralized finance), de gros traders institutionnels et de marché noir. Comment peut-on honnêtement demander à une personne lambda, même avec une bonne expertise technique, de s’en sortir dans une mer agitée par ce type de courants ?
La complexité de l’écosystème cryptomonnaies s’ajoute à la nature profondément adversarial (concurrentielle, compétitive) de ceux-ci : les enjeux financiers gigantesques (de 1 à 3 trillions de dollars) sont exposés dans un playground quasi-parfaitement accessible à tous les joueurs dans un contexte de régulation mondiale minimale.
Voici des exemples poignants de la détresse humaine de ceux à qui ont été promis monts et merveilles mais qui ont tout perdu à cause de la défaillance d’un acteur crypto (ici il s’agit de la plateforme Celcius qui aurait a priori fait défaut et gelé les retraits de ses clients ainsi que de la faillite de la fondation Terra). À travers ces exemples, l’idée n’est pas de comprendre pourquoi ces gens ont tout perdu mais d’illustrer le degré d’implication émotionnelle, psychologique et financière de ces spéculateurs en herbe dans le trading de crypto.
Plusieurs réactions des défenseurs du bitcoin à ce type de message sont possibles (ce ne sont pas mes opinions) :
- Le bitcoin n’est jamais perdu tant qu’il n’est pas vendu. Ce qui signifie que lorsqu’on rentre dans le culte des hodlers, il ne faut pas en sortir, au risque de s’exposer à des pertes lorsque le marché est contre vous, comme l’annonce fièrement le CEO de microstrategy
- Stocker sa cryptomonnaie dans une plateforme revient à faire confiance à un acteur centralisé pour gérer ses assets (une banque, un fond d’investissement), alors qu’on se rappelle que le message initial de satoshi adressait la faillite du système financier après la crise de 2008. Ainsi, centraliser la gestion de son portefeuille n’est pas consistant avec la logique fondamentale du bitcoin (sauf par exemple pour vendre ou déposer du collatéral pour un prêt)
- N’investissez pas dans ce que vous ne comprenez pas. Si un utilisateur ne comprend pas que “le système financier et particulièrement les banques centrales appauvrissent le peuple par l’inflation monétaire”, c’est que fondamentalement il ne mérite pas une opportunité telle que la venue du bitcoin. De la bouche de CZ lui-même, CEO de Binance, le bitcoin est pour beaucoup une question d’éducation financière
- Timer le marché c’est la clé, il ne faut pas se laisser happer par les vagues passagères et oublier la marée qui arrive. Ce type d’argument est également fréquent et fait souvent appel à un réflexe d’interpolation et de prédiction très basique pour ne pas dire superficiel écartant trop rapidement la complexité de l’écosystème crypto (au hasard pandémies, crises financières, guerres, réglementation, problématiques énergétiques)
Je ne suis pas là pour juger ces arguments mais plutôt exposer une rhétorique dangereuse qui a pour but de d’abord rassurer et ensuite de pousser les gens à acheter afin de soutenir les prix.
Alors qui sont les vautours de la spéculation ?
1- Pour moi, ce sont d’abord ces applications de trading qui arborent des publicités immorales car elles adressent le plus souvent des populations fragiles pour leur promettre un revenu simple à la portée de quelques clics. Au Maroc, elles opèrent dans un cadre officieux à ma connaissance et utilisent les largesses de la dotation e-commerce. Ces applications servent-elles les intérêts de la majorité de leurs utilisateurs ? Servent-elles les intérêts de notre pays ?
2- Les vautours sont également tous ceux qui sont dans l’influence à travers les réseaux sociaux. Le discours est souvent alléchant, bien ficelé et vend un eldorado et par la même occasion une formation secrète, une méthode magique ou recommande des services en utilisant des liens sponsorisés. Il s’agit parfois aussi de personnalités comme Elon Musk, Adam Back (très probable Satoshi Nakamoto) ou encore Matt Damon
3- Certains acteurs disposent de fonds quasi illimités et peuvent faire basculer le marché en quelques transactions. Parfois, la seule information consistant en une intention dans un carnet d’ordre (comme celui de Binance pour le BTC) peut gommer les gains de ceux qui ne sont pas dans la cryptomonnaie pour le long terme. Binance décrit dans son blog 4 stratégies communes de manipulation de marché :
- Le pump and dump : entrer le plus tôt possible dans une cryptomonnaie, faire un maximum de buzz et vendre le plus rapidement possible lorsqu’on estime que le cap a été atteint. Très classique pour les altcoins et memecoins
- La fausse baleine : placer dans des plateformes d’échange peu régulées des ordres sans avoir nécessairement les fonds correspondants et ainsi propager une information erronée à travers le carnet d’ordre
- La fausse activité : acheter et vendre une cryptomonnaie successivement pour faire croire à une activité croissante sur un marché et attirer là aussi l’attention des investisseurs
- La chasse aux limites : placer des ordres au-delà des limites (stop loss) de certains traders pour les faire sortir de leurs positions puis réinvestir le marché à un prix plus bas
Ces acteurs comme les baleines sont les plus sournois car invisibles et cachés derrière les écrans de trading
4- Si les réseaux sociaux sont de puissants amplificateurs des messages pro-crypto, les publicités sur les canaux classiques sont aussi une manière efficace de toucher un public large et pas forcément spécialiste. J’ai été personnellement très choqué de voir que la plateforme Binance sponsorisait la coupe d’Afrique des nations. La population africaine jeune et technophile est une cible parfaitement adaptée dans un contexte monétaire souvent instable. Dans le cas du bitcoin, le use case qui revient le plus souvent est de se protéger de l’inflation, ce qui revient à demander aux populations de ne pas faire confiance dans les politiques monétaires de leurs pays.
Toutefois, des premiers signes de régulation de la publicité faite aux cryptomonnaies se sont mis en place.
- En 2021, l’autorité anglaise de régulation des publicités a interdit les publicités pour les acteurs crypto (Etoro, Coinbase etc) en raison d’un “comportement irresponsable qui profite des clients peu expérimentés et n’explique pas suffisamment les risques”.
- Facebook avait bloqué en 2018 les publicités sur sa plateforme pour notamment le bitcoin mais est revenu dessus en partie en 2019 puis de manière plus claire et encadrée en décembre 2021
- Google a également encadré en 2021 un peu plus les publicités crypto en demandant par exemple que les plateformes soient listées auprès des autorités
Ma conclusion personnelle
La blockchain du bitcoin et plus généralement le concept de blockchain proof of work sont des disruptions majeures de la décentralisation de la confiance. De nombreuses autres blockchains ont capitalisé sur cette disruption pour faire avancer l’état de l’art et proposer toujours plus de transactions sécurisées, complexes et moins énergivores. Mais la cupidité de l’homme a dévoyé certaines de ces innovations pour en faire un moyen d’aspirer financièrement les personnes les moins expérimentées dans un écosystème dans lequel elles ne tireraient pas leur épingle du jeu.
Le bitcoin BTC et une grande majorité des cryptomonnaies sont aujourd’hui au coeur de manipulations massives d’opinion et de prix qui font du tort à l’essence de la technologie. Le bitcoin en tant que backbone d’une grande partie de l’écosystème crypto a une responsabilité de porter les use cases innovants et utiles. Mais cette responsabilité ne semble pas être mise en valeur par ses grands acteurs. Faut-il comprendre que seul le prix du bitcoin compte pour le bitcoin, auquel cas il faudrait peut-être le qualifier de ponzi à l’échelle ? La spéculation est une façon de réguler le marché mais comme pour toute technologie, il faut protéger la société de ses mauvais usages.
Nous sommes aujourd’hui dans ces discussions sur la valorisation des crypto-monnaies comme des hamsters dans une roue à débattre d’un jeu à somme nulle (en termes de valeur sociétale - ie non financière) alors que nous avons besoin de plus d’énergie verte, d’équité, de résilience et de stabilité dans nos vies et nos sociétés. Je sais que le débat est complexe mais on revient toujours à la même question fondamentale : à quoi sert le bitcoin pour nous tous collectivement ?
Sources
- Les stratégies d’advertising de crypto sont dangereuses pour le grand public
- Un excellent post LinkedIn sur les stratégies des baleines et leur impact sur les marchés
- Nous aurions tous pu être des millionaires - ou comment cet argumentaire ne tient pas
- Une analyse critique détaillée du bitcoin en 2011 !
- Déjà en 2014, la question de la bulle spéculative se posait avec acquité
- Les cryptomonnaies s’apparentent à une nouvelle tulipomania
Note
Cet article a uniquement pour but d’éclairer sur des aspects méconnus du bitcoin. Pour toute remarque ou suggestion, je serais heureux d’en débattre. Les propos que j’expose ici peuvent prêter à confusion mais j’espère être le plus neutre et objectif possible en étalant le plus d’arguments possibles. Je n’ai pas de bitcoin et ne compte pas en avoir dans le contexte économique et réglementaire actuel.